Avec un titre aussi prometteur, pas étonnant que le livre de Didier Helmstetter, publié aux Editions Tana, ait du succès. Mais à la différence de nombreux ouvrages promettant monts et merveilles pour votre jardin, le livre de Helmstetter est non seulement le fruit de recherches sérieuses et d’une pratique assidue du potager.
La promesse du livre Le potager du paresseux, tient en une phrase : il est possible de produire en abondance des légumes plus que bio, sans compost, sans travail du sol et sans butte. Mais comment ?
Une méthode originale et très efficace pour jardiner sans effort
Il est important d’abord de dire que le livre met à mal pas mal de théories sur le jardinage écologique, et notamment la permaculture qui, même si elle donne de très bons résultats, demande également un gros investissement de départ et un suivi du potager assez régulier.
Le principal atout du potager du paresseux selon l’auteur c’est la couverture du sol par le foin. Le foin posé sur un sol de prairie a de nombreux avantages que Helmstetter expose avec conviction pour faire pousser de beaux légumes : il préserve l’eau du sol, prévient la croissance des adventices, nourrit les vers de terre, se trouve en abondance localement, assure que le sol ne gèle pas, etc.
L’autre principe clé du livre est de faire travailler au maximum la nature pour nous, et surtout toute la vie du sol, avec les vers de terre et les champignons microscopiques en priorité. Je vous épargne les termes techniques pour que vous ayez du plaisir à les découvrir dans le livre.
Une démonstration réussie mais qui se cantonne à un seul potager
Si l’on peut rester sceptique au début, l’auteur réussit à nous prouver que le foin est de loin la meilleure couverture du sol pour un potager en zone tempérée. Comme il n’est pas sectaire, il prend le temps de présenter longuement les autres options, en les comparant au foin.
Rien n’est jamais noir ou blanc dans la nature, et nous travaillons tous avec des conditions différentes, et c’est d’ailleurs l’un des reproches que l’on pourrait faire à l’auteur, de n’avoir que l’exemple de son potager à donner dans un endroit précis, l’Alsace. On aurait aimé entendre parler d’autres potagers utilisant ces mêmes techniques en Bretagne, en Provence, dans les Pyrénées, bref de pouvoir savoir si ces techniques sont réellement transposables à d’autres climats.
Une partie théorique complétée par une partie pratique
On comprend vite que le livre est structuré en deux parties d’égale importance :
- la théorie (l’auteur entre dans de nombreux détails qu’il propose aux « kangourous », comme il appelle ses lecteurs impatients, de sauter; et
- la pratique, illustrée de quelques photos de son potager et des techniques qu’il emploie depuis plus de 6 ans. Cette dernière partie est vraiment la plus utile, mais si l’on est novice en matière de potager naturel et surtout de couverture du sol, la première partie reste néanmoins incontournable.
Conclusion
Dans les plus, je dirai que ce livre est complet et permet de se lancer sans effort dans un potager de qualité, pourvu d’avoir l’esprit ouvert. Il conviendra donc tout particulièrement aux personnes qui se lancent dans leur premier potager puisqu’ils n’auront pas encore (trop) d’idées reçues sur cette activité.
Le livre offre aussi de belles pauses d’humour, avec des dessins humoristiques permettant une respiration entre des paragraphes très denses. C’est bienvenu, même si j’aurais préféré des schémas ou illustrations sur les propos même de l’auteur (par exemple, comment reconnaît-on les différents vers de terre ?).
Dans les moins, la partie théorique du livre reste quand même très longue et vraiment obscure pour des profils qui ne sont pas scientifiques. L’auteur prévient, mais cette insistance sur les kangourous et leur tendance à sauter des pages donne un peu mauvaise conscience au lecteur qui le fait et c’est un peu une prophétie auto-réalisatrice : à force de m’entendre dire que je peux sauter un paragraphe, et bien je finis par le faire, même si je n’en avais pas l’intention au départ !
C’est un livre dense, écrit avec humour qui s’adresse donc avant tout aux potagistes (oui, je viens de l’inventer :)) novices ou aux personnes qui pour des raisons de santé ou autre ne peuvent plus se permettre d’investir autant de temps dans leur potager qu’avant, tout en restant ouvert à d’autres techniques que celles qu’ils connaissent déjà.
Didier Helmstetter tient une chaîne Youtube très appréciée des potagistes (j’insiste) que je vous invite à aller voir pour plus d’infos pratiques sur sa technique.
Bonne lecture !
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